Cancer du sein et travail : « à 56 ans, je ne me voyais pas au placard »  

En Février 2023, le PAME (pôle d’appui au maintien en emploi) de l’AST a accompagné Madame Z ; une salariée d’un de nos adhérents sur le maintien à son poste durant son cancer du sein. Nous revenons ici sur le travail de l’ergonome Rémy Brachet et Caroline Saunier psychologue du travail au PAME. 

La vie de Madame Z a basculé du jour au lendemain dès lors qu’elle a été diagnostiquée du cancer du sein. Exerçant en tant que chargée de clientèle, elle explique : « à 56 ans, je ne me voyais pas au placard, je voulais seulement qu’on m’aide à travailler dans les meilleures conditions ». Après les différents chocs émotionnels sur le plan physique et psychologique, dûs aux différents diagnostics posés et un long parcours médical, Madame Z s’est tournée vers son médecin du travail qui l’a orienté vers le PAME…

Madame Z avait plusieurs inquiétudes, la première étant de perdre son emploi avec l’arrivée de ce cancer ou de ne pas réussir à travailler comme avant. Elle avait également peur d’être stigmatisée et remarquée vis-à-vis de ses autres collègues et de son employeur.

Le cancer peut être la source de difficultés dans le maintien en emploi, du fait d’une fatigue entraînant une perte de productivité, des troubles de la mémoire, de l’anxiété, des douleurs et des difficultés à réaliser certains gestes. Du côté de son employeur, les difficultés concernaient la crainte d’un absentéisme répété et le souhait de retrouver une employée capable des mêmes choses qu’avant la maladie. 

« C’est surtout de l’ordre de la santé mentale, les aménagements étaient indispensables pour la salariée atteinte de ce cancer du sein. Les problématiques liées au cancer sont couramment de l’ordre de l’isolement social, la rupture de lien, la perte de confiance, la difficulté de projection dans l’avenir, etc. » explique Caroline Saunier. Avec Madame Z, notre psychologue du travail a pu travailler sur l’estime de soi, sa projection dans son avenir professionnel, sur ses freins, sur la notion de RQTH (reconnaissance en qualité de travailleur handicapé). Grâce à cet accompagnement, Madame Z a pu bénéficier de cette reconnaissance avec de l’aide pour la constitution de son dossier.

Rémy Brachet, a lui pu accompagner Madame Z sur ses difficultés posturales et à effectuer certains gestes en proposant des outils sur son poste (un siège adapté, un bureau réglable à commande électrique…).  Ces aménagements ont notamment été rendus possibles grâce à l’aide apportée par la RQTH.

« Le PAME a été en lien avec les médecins spécialistes en charge des soins afin d’apporter des aménagements adaptés. Après cela, la salariée validait ou non le matériel proposé et pouvait faire un retour sur son ressenti vis-à-vis des solutions apportées. (…) Les aménagements indispensables pour le cas de Madame Z ont été l’ajustement des écrans, des équipements spécifiques du type clavier, deux souris verticales, repose-bras articulé, siège sécable en deux parties avec repose-pieds. Les 4 étapes pour cet accompagnement ont été un entretien confidentiel avec la salariée, une étude visuelle de la situation de travail, la rédaction du compte-rendu d’étude de poste et la restitution de l’étude de poste à l’employeur» explique Rémy Brachet.

Au niveau de l’équipe encadrante et de l’employeur, il y a eu un vrai travail d’explications pour éviter les crispations et les incompréhensions. Il a fallu préparer l’employeur aux besoins spécifiques de la salariée et bien sûr le rassurer sur les capacités de financement d’éventuels besoins matériels.

Pour Rémy Brachet et Caroline Saunier sans ces aménagements, les conditions de santé et la qualité de travail de la salariée auraient été très néfastes pour sa santé. C’est dans ce cadre que le PAME intervient et permet de trouver des solutions concrètes et bénéfiques dans le maintien à l’emploi malgré une situation peu évidente pour l’employeur et la salariée.  

Pour Madame Z, cet accompagnement du PAME a été pertinent. Elle nous parle de l’accompagnement de l’équipe médicale sur son maintien à l’emploi. « L’ergonome Monsieur BRACHET qui a évalué mes besoins a tout à fait analysé ma situation. […] Le matériel préconisé a été partiellement installé et déjà je ressens un confort physique. […] pour l’impact sur mon moral, le premier rendez-vous avec Madame SAUNIER a été bénéfique : être écoutée et surtout entendue ». Pour elle, le PAME est « là pour bien rappeler que je ne suis pas une salariée quelconque et que mes pathologies sont bien réelles […] Mon employeur est surtout, je pense, ravi que mon dossier RQTH soit validé car sans eux je ne l’aurais pas fait ».